Trois heures s'étaient vite écoulées, et Alexander et Crocus n'avaient encore trouvé aucune trace de civilisation.
Ils avaient croisé à maintes reprises le chemins d'animaux sauvages et avaient goûté à toute sorte de fruits et de légumes plus fantasques les uns que les autres, mais toujours aucun humain ou habitation en vue.
« C'est une île inhabitée ? »
Pensa Alexander, clairement déçu.
Le contact humain avec des inconnus était ce qu'il aimait le plus dans son aventure. Croiser de nouvelles personnes, des fous ou des saints d'esprit, des vestiges d'une autre époque ou des trésors faramineux.
C'était ce qu'il aimait le plus.
Crocus fronça les sourcils en voyant l'expression d'Alexander.
« À quoi tu penses ? »
« Rien d'important. » répondit simplement Alexander en soupirant.
Deux autres heures s'étaient écoulées pour eux alors qu'ils naviguaient entre les arbres et les lacs.
Alexander se gratta le menton.
« Cette île a beaucoup de lacs. »
« En effet, on en a croisé au moins cinq depuis le début. » répondit Crocus avant de poursuivre d'un ton contemplatif : « Qui plus est, au-delà de leur taille, ils sont densément remplis de toute sorte d'animaux marins. »
Alexander hocha la tête avant de continuer son expédition dans ces terres inconnues.
Les animaux étaient plutôt forts ici.
Même un oiseau avait une taille démesurée, sans parler des carnivores qui faisaient des dizaines de mètres de haut de plus que leur homologue qui sont dans la mer bleu.
Rien ne pouvait les menacer, mais c'était quand même fascinant.
Tout comme ce gigantesque temple noir dressé au milieu du lac—
« Attends ! C'est un temple ! » réagit brusquement Alexander en se rendant compte que c'était certainement la première trace d'habitation de l'île.
C'était un grand temple d'au moins une bonne dizaine de mètres de haut en forme de pyramide.
Il était tout noir avec des torches enflammées sur les côtés, des marches menaient vers le haut. Il était assez délabré mais cela ajoutait à son charme.
Alexander sourit largement.
« Enfin ! »
Mais son sourire disparut tout aussi vite.
« Mais c'est bizarre. »
Depuis qu'ils étaient arrivés dans le périmètre du temple, Alexander s'était rendu compte d'une chose anormale.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Crocus en regardant autour de lui.
Alexander fronça les sourcils.
« Il n'y a pas d'animaux, pas même un insecte au sol. Les fruits et les légumes ne poussent pas ici non plus, c'est beaucoup trop bizarre."
Crocus sembla réaliser quelque chose.
« Tu veux dire qu'il y a un prédateur qui affecte tout cet endroit ? »
Pour qu'un tel prédateur affecte même les plantation et les insecte, ça devait encore être un animal fantastique comme les oiseaux tueurs de lumière ou quelque chose de plus grand.
« C'est théorique. » répondit simplement Alexander.
Prenant une grande inspiration, Alexander se calma et vida son esprit pour essayer de ressentir quelque chose qu'il avait peut-être manqué aussi.
Les minutes passèrent et la frustration d'Alexander ne fit que s'accroître car il avait beau essayer, il ne sentait rien de menaçant venant du temple.
Il sentait quelque chose de très puissant au sommet du temple, mais ce n'était pas une présence humaine, plutôt un objet très fort mais qui ne menaçait pas directement sa vie, tout comme le coffre mystérieux trouvé dans l'île au trésor.
Et c'était anormal car il savait pertinemment que quelque chose de pas du tout normale se tramait ici mais il ne sentait rien.
Est-ce que j'hallucine ?
Alexander trouvait la situation de plus en plus effrayante et morbide.
Un froid commençait à toucher sa peau et de petites gouttes de sueur ruisselaient de son front.
Putain, mais qu'est-ce qu'il se passe au juste ici !
Serrant les poings, Alexander prit une grande inspiration avant de les relâcher et de s'avancer.
Crocus observait tout cela juste à côté de lui.
« Tu vas mourir si tu continues. »
Dit soudainement une voix rauque venant de la forêt sur leur gauche.
Alexander semblait avoir repris ses esprits avant de regarder l'homme inconnu.
« Que veux-tu dire par là ? » demanda Alexander sans prendre la peine de comprendre qui il était.
« En montant en haut, tu n'y trouveras que la mort. Qu'est-ce qu'il y a de si difficile à comprendre, pirate ? » répondit l'homme inconnu.
Alexander fixa l'homme sans parler pendant une bonne minute avant de froncer les sourcils.
« Et toi, qui diable es-tu ? »
L'homme était grand, d'au moins 3 mètres. Il avait un visage ciselé et une légère barbe. Les yeux rouge sang et les lèvres traversées par une fine cicatrice.
De longs cheveux blancs locksés et un teint basané comme Abdul.
Un tatouage tribal lui traversait le visage de haut en bas, passant par l'œil droit.
Le haut de son corps était nu, rendant ainsi visibles ses autres tatouages et cicatrices. Sur ses poignets, il portait deux longs bracelets en or au motif divers allant de son coude jusqu'à ses poignets.
Il portait un pantalon noir, large, aux finitions dorées.
Le pantalon était tenu par une ceinture noir, et une sangle y était aussi attachée pour tenir les deux épées rangées dans leurs fourreaux.
Pieds nus, il n'avait que des bandages noirs avec lesquels il posait ses pieds au sol.
« Imrân, je suis Tamiyya Imrân, Ancien Suprême et chef de la tribu des Hakanokebiin. Et vous, pirate ? »
Alexander sourit légèrement.
« Alexander, Alexander des pirates d'Alexander le Grand. En somme, je suis le capitaine. »
« Crocus, médecin officiel des pirates d'Alexander le Grand. » poursuivit Crocus juste après.
« Revenons-en au temple, pourquoi est-ce que je mourrais si j'y vais ? » demanda Alexander en se tournant vers le temple.
Imrân fronça les sourcils avant de souffler d'agacement.
« Tu es juste trop faible, Alexander. Ce n'est pas une insulte, tu es vraiment juste trop faible pour faire face à ce qui t'attendra si tu décides d'y monter. »
« Tu peux sentir la force de ma présence ? » demanda Alexander en fronçant les sourcils.
Il n'y avait que de cette manière qu'il pouvait savoir s'il était faible ou non, du moins c'était la seule manière dont Alexander avait connaissance.
« Ta présence ? » Imrân répéta curieusement avant de continuer : « Un truc du genre, mais plus poussé. »
« Je vois. » dit simplement Alexander sans en demander plus à Imrân.
Crocus réfléchit quelques minutes avant d'essayer de poser une question qui attisait sa curiosité.
« Et ce temple—
« Tombe. Ce n'est pas un temple, c'est une tombe. » corrigea Imrân.
« C'est une tombe ? » répéta Crocus, complètement surpris.
Au début, il voulait savoir à quoi servait ce temple, mais maintenant qu'on lui disait que c'était une tombe, les choses s'éclaircissaient dans sa tête.
Alexander semblait lui aussi surpris de la réponse. Il s'attendait à ce que ce temple noir cache un secret perfide, mais au lieu de cela, c'était une tombe.
« Vraiment ? Tu sais à qui elle appartenait ? »
Imrân réfléchit quelque instant avant de décidé de leur en parler.
De toute façons ce n'est pas un secret ici, pensa Imrân.
« C'est la tombe du créateur de ma tribu, Salahddin D. Kaïs, un grand épéiste ayant foulé cette terre il y a de cela des milliers d'années. La date exacte, je ne la connais pas, mais c'était clairement avant même la fondation du gouvernement mondial. »
« Je ne l'ai pas vécu moi-même, mais les archives dont je dispose disent explicitement qu'il était le plus fort de son époque. »
« Il n'avait aucun rival et aucun ennemi qui survivait à ses lames. »
« Inégalé par la force et par le nombre. »
« Il était le plus fort de son ère. »
"Il était le plus grand épéiste de son temps et des temps qui sont venu après lui et des temps qui sont passé avant lui."
"Et ainsi, c'est une légende generationelle qui n'a plus rien à prouvé."
Les yeux d'Alexander brillèrent à ces mots. C'était après tout ce qu'il cherchait à devenir.
Laisser son nom résonner dans l'histoire pour ceux qui le chercheraient était la meilleure des récompenses qu'Alexander pouvait souhaiter.
« Quel chanceux. » murmura Alexander.
« Et sinon, tu penses qu'il a laissé quelque chose dans sa tombe ? » demanda Crocus.
Pour lui, un homme d'une telle envergure devait au moins laisser un certain héritage derrière lui pour que son nom continue de résonner encore plus.
Bien que ce soit totalement hypothétique car, après tout, Crocus n'était pas dans la tête de ce genre de monstre.
Un homme capable de laisser son nom même après des milliers d'années n'était pas humain, c'était juste un monstre abject au delà du raisonnement d'un simple mortel comme lui.
« Là-haut, il y a sa tombe. Si elle est vide ou non, je ne sais pas. Mais en tout cas, je suis sûr qu'il a laissé quelque chose à l'intérieur autre que son corps.» répondit Imrân avant de poursuivre en regardant Alexander d'un œil conscient.
"Tu le sens, n'est-ce pas ? Ce tranchant mortel qui nous guette, il ne nous menace pas, mais il projette quand meme sa présence en essayant de briser notre volonté."
Alexander hocha lentement la tête pour acquiescer.
« Tu penses qu'il y a laissé ses épées ? »
« Très certainement, mais personne n'a encore réussi à ouvrir le sarcophage pour le confirmer. » répondit Imrân en se frottant le bouc.
« Y a-t-il un besoin spécial pour ouvrir le sarcophage ? » demanda Crocus.
« J'ai mon hypothèse là-dessus. » dit Imrân sans en rajouter plus.
Comprenant le message, Crocus ne posa pas plus de questions.
Il n'allait certainement pas forcer pour avoir des réponses, c'était contre sa morale, et d'ailleurs ce n'est pas comme s'il pouvait.
Il est certainement plus fort que nous deux réunis, pensa Crocus en sentant l'aura sauvage rayonnante d'Imrân.
« Mais si tu es si fort, pourquoi n'as-tu pas pris l'héritage pour toi ? » demanda Alexander sans tact, il voulait juste savoir pourquoi un homme aussi fort ne l'avait pas encore revendiqué.
Un tel héritage, si c'était lui, il l'aurait pris depuis longtemps et l'aurait utilisé pour améliorer sa force.
« Je n'en suis pas digne, tout simplement. » répondit Imrân en soufflant de frustration en laissant échappé ses pensées les plus profonde.
Au final ça ne sert à rien de leur caché ça, pensa Imrân sobrement.
Depuis petit, Imrân avait escaladé cette tombe et était arrivé devant le tombeau des dizaines et des centaines de fois, mais le résultat n'avait jamais changé.
Il n'avait jamais réussi à ouvrir le tombeau.
Même pousser d'un millimètre le couvercle du tombeau lui était impossible.
Ce n'était pas une question de destinée ou de prophétie qui attendait une personne en particulier pour ouvrir le tombeau, non, rien de tout cela.
Il n'en était pas digne, tout simplement.
Et Imrân le savait pertinemment, mais il n'avait jamais abandonné, et c'était pour cette même raison qu'il était revenu aujourd'hui au tombeau, pour essayer une énième fois de récupérer ce qu'il y avait.
II ne savait pas pourquoi mais il sentait qu'a chaque fois qu'il poser les mains sur le tombeau qu'il n'en n'était pas digne.
C'était comme si il manquait quelque chose en lui pour lui permettre de l'ouvrir et cette même chose semblait si loin de lui qu'elle lui paraissait impossible.
Au final c'est une question de volonté, pensa sinistrement Imrân.
« Tu n'en es pas digne ? » Alexander et Crocus étaient très surpris de cette réponse.
Était-ce de la légitimité qu'il fallait pour ouvrir le sarcophage ? Ou autre chose ?
Dans tout les cas ils ne s'attendaient pas à cela, ils s'attendaient plutôt à un truc du genre qu'il n'en voulait pas ou qu'il ne pouvait pas terrasser ce qui avait pris ce tombeau comme territoire, mais non, très loin de cela, Imrân les surprit.
« Quelles sont diable les conditions pour qu'une telle personne n'en soit pas digne… » murmura intérieurement Alexander, encore plus curieux de ce qu'il y avait.
Mais cela lui donnait encore plus envie de savoir ce qu'il y avait.
Si Imrân n'en était pas digne, alors lui le serait, et si ce tombeau persistait à ne pas s'ouvrir, alors il le détruirait tout simplement et prendrait ce qu'il lui chantait et ferait ce qu'il voulait avec.
Alexander n'allait jamais rester lié par un simple héritage d'un homme mort il y'a des milliers d'années, si il ne pouvait pas le prendre par mérite alors il le prendrait comme un pirate, de la manière la plus brutale.
Car c'était ce qu'il était, un pirate libre de toute attache, il fait ce qu'il veut et quand il le veut.
C'est lui qui décidait de ce qu'il voulait et personne d'autre ne pouvait lui imposer sa volonté en s'attendant à ce qu'il ne rapplique pas en force.
Et si cela l'amener à la mort alors c'est pas grave tant qu'il ne s'était pas trahi car la mort ne lui a jamais faire peur.
« Ouais, ça va le faire."